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Récit de mon Trail de Bourbon 2010

Avant de vous parler de ma course sur le Trail de Bourbon, je me permets une rétrospective sur ma préparation et ce qui m’y a amené à relever ce défi que je pensais impossible à tenir il y a encore une semaine.

J – 18 Mois

Lorsque je pose le pied à la Réunion l’année dernière, j’y reviens avec la ferme intention de me (re)mettre au sport après 7 ans de sédentarisme. Les premiers footing sont difficiles, je n’arrive pas à courir sans m’arrêter plus de 15/20 minutes dans m’arrêter.

A force de persévérance et la surcompensation aidant (phénomène naturel conduisant le corps à se renforcer après un exercice difficile), 3 mois plus tard je cours 2 fois par semaine et je commence mes premières sorties montagnes avec mon ami Philippe. Premières sorties montagnes, premières courbatures !

J – 12 Mois

En Octobre j’accompagne mon père sur la fin du Grand Raid (Environ 70km), il réalise son dernier grand raid (4 fois finisher !!!). C’est la semaine suivante que je rejoins le club Déniv, référence réunionnaise pour l’entrainement à la course de montagne, le nom parle de lui même :)

Déniv est un club Dyonisien de 150 adhérents à peu près, très chaleureux et fondé par Eric Lacroix (Très gentil et accessible, à l’image du Club). Eric est une emblème du Trail Réunionnais, il a écrit un ouvrage sur le Grand Raid et il co-anime en direct avec Sébastien Folin le commentaire sportif du Grand Raid. Mais il a également un CV sportif de coureur de montagne long comme le bras.

Mes premiers entrainements sont difficiles et je m’y attendais car cela fait peu de temps que je cours. Je monte dans le rouge dès l’échauffement, plus de 10km/h, énorme pour moi à l’époque. Pour ma première séance de VMA, c’est Johnny qui assure l’entrainement, quand je passe il me dit « il faut avoir une sensation de vitesse ! ». J’étais au taquet :)

J’ai déclaré une blessure assez rapidement. Une périostite, vraiment difficile à guérir, seul le repos peut la guérir et les médecins conseillent jusqu’à un an de repos !!!. Je consulte Arnaud Leroy, spécialiste reconnu de la médecine sportive dans le Nord de la Réunion. Il me conseille de revoir mon entrainement, de l’alléger et d’aller faire confirmer le diagnostic par des radio dynamiques (avec charge) accompagné d’une analyse de ma foulée chez un podologue compétent en course à pied. Je fais la rencontre de Guilhem Hart à Saint André qui en me faisant courir sur un tapis et en analysant image par image ma foulée, me diagnostique une forte pronation. Il me fabrique sur mesure des semelles orthopédiques à mettre dans mes chaussures et me conseille de changer mes deux paires de chaussures, pour des chaussures un peu plus adaptées à mon type de pied (Asics Kinsei 3 pour le running, Asics Trabucco pour le trail). Mine de rien c’est un budget la Course à Pied !

Après quelques tentatives d’entrainements avec le Club, la douleur reste présente et s’intensifie encore, même avec les semelles. J’arrête les entrainements en club et continue de courir de mon côté en suivant la « Trame » Déniv (Plan d’entrainement que Eric nous réalise selon 3 groupes de niveau). Mais la trame ne passe pas, et je continue d’avoir mal.

Je décide donc je reprendre des footing sans vitesse, juste au feeling. 2 maximum, pendant environs 6 semaines, la douleur disparait et j’arrive à trouver le « seuil » de tolérance, 30km par semaine, au delà la douleur augmente ! J’abandonne l’idée de faire le Grand Raid, et je me fixe le Semi-Raid comme nouvel objectif.

J – 5 Mois

Je contacte Bruno Heubi (Lui aussi a écrit un ouvrage de référence, « Courir Longtemps » et possède un CV d’athlète long comme le Bras). En lui donnant mes limites (kilométrage et nombre d’entraînements par semaine) et mon objectif (Semi-raid en moins de 24h) il me concocte un plan d’entraînement progressif et personnalisé que je suis à la lettre ! Bruno a une approche de l’entraînement qui laisse une très grande part à la progressivité. Même type de séance pendant tout un bloc de quelques semaine, augmentation de la durée de la séance petit à petit. Eric quant à lui fait varier le type de séance chaque semaine. D’une semaine sur l’autre les séances sont différentes et très variées (pour éviter la monotonie et la lassitude).

Ma périoste, moins présente depuis que j’ai allégé mes séances, disparait complètement et petit à petit on arrive à augmenter le volume d’entraînement jusqu’à environ 45 Km / semaine et je recommence à progresser.

J – 54 Jours

Pour tester mon état de forme avant le Semi, je réalise la CIMASA, objectif rythme SEMI (boucle de 7500m de dénivelé cumulé pour 53km). Les deux tiers se passent bien, mais gros coup de mou sur la dernière descente (18km !!!) je termine plutôt bien entamé en 12h20. J’ai pris le départ avec une bronchite, ça a peut être joué sur mes performances. Mais j’ai mal géré la course (ma vitesse s’effondre sur le dernier Tier) et je manque de dénivelé. Le travail sur le plat est plus pratique pour travailler la VMA et l’EMA (le moteur et la capacité du coureur), mais bien différent de la course de montagne du point de vue des sollicitations musculaires.

Le plan est ré-adapté pour intégrer plus de dénivelé et plus de montagne. Les séances passent bien, j’ai la sensation de progresser continuellement, l’entrainement porte ses fruits.

J – 3 Jours

On est Mercredi, mon amie Julie me demande de prendre ma matinée, de m’habiller comme si j’allais courir en montagne, rendez vous 9h à la Grande Chaloupe. A 9h, je reçois un appel de Kilian Jornet (si si !!!), je n’en crois pas mes oreilles, Julie à organisé une rencontre avec mon idole dans le secret. Il veux reconnaitre la fin de la course et je ferai le guide. Il ne pourra pas être là à l’heure car l’organisation Grand Raid a placé une conférence de presse à 10h le jour même. Le rendez vous est reporté au stade de la Redoute à 11h30.

Kilian toujours disponible pour une photo ou un autographe

Je retrouve Kilian au stade, il se change et nous partons courir (après quelques autographes, dont ma casquette). Je fais le guide et nous entamons la montée du sentier vers le Colorado.

Départ pour la reco avec Kilian Jornet

A l'attaque du sentier du Colorado

Kilian est vraiment très simple et nous discutons comme avec n’importe quel coureur que j’aurai pu rencontrer dans les sentiers. Il me parle de sa dernière course (Le Kilomètre Vertical de Manigod qu’il a gagné), de la saison de ski qui commence bientôt. Et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’a pas pu venir sur le grand raid plus tôt, la saison de ski démarre avant le Grand Raid d’habitude ! Cette année elle démarre plus tard et c’était l’occasion à ne pas rater.

Je lui donne des informations sur les parties du parcours que je connais et le met surtout en garde contre le froid au Volcan et au Piton des Neiges. Malgré son jeune âge Kilian a une très grande expérience de la compétition et de la physiologie. Il a fait des études sur la physiologie de l’exercice et maîtrise donc parfaitement cet aspect de l’entraînement.

Retour de la Reco avec Kilian

Retour au Stade de la Redoute

Je lui promets de le retrouver à Cilaos pour l’encourager. Pendant mon absence Laurent, le responsable du team SALOMON Réunion remet un DVD de la Kilian Quest 2009 à mes parents, merci Laurent ;)

Quelques mots avec les Réunionnais

Kilian a pu échanger quelques mots avec des agents de la commune qui l’ont reconnu. Il était très attendu à la Réunion. Ils lui ont notamment demandé comment il trouvait les Kafrines (les filles d’ici).

J-1

4h du matin, je retrouve Xavier JOSEPH, mon camarade de DENIV, nous allons faire route ensemble jusqu’à Cilaos. Nous partons tôt pour voir les premiers passer à Cilaos. C’est à peu près la moitié de la course en terme de temps de parcours. On est au Km 90 du Grand Raid.

Nous suivons les hélicoptères depuis Cilaos

Grace aux hélicoptères qui suivent la tête de la course nous arrivons à savoir à peu près où se situent les premier. Kilian Jornet semble avoir pris un peu d’avance sur son poursuivant Pascal Blanc dans la montée du Cap Anglais.

Suivi des pointages de Kilian Jornet

Deuxième aide : Les pointages en temps réel de Kilian

Nous voyons passer Kilian et l’encourageons vivement, je cours une petite centaine de mètres avec lui et échange quelques mots. Il semble aller très bien, et a adoré le spectacle du volcan en éruption plus tôt dans la matinée.

Kilian Jornet passe en tête à Cilaos

Kilian Jornet passe en tête à Cilaos

Jornet en tête à Cilaos

Je tiens ma promesse et transmets tous mes encouragements à Kilian

Table de Ravitaillement de Kilian Jornet

La table de Ravitaillement de Kilian Jornet. Un vrai stand de Formule Un.

Un peu plus tard nous avons le plaisir de voir passer DAWA SHERPA qui semble en bonne forme et qui nous gratifie d’un beau sourire.

Dawa Sherpa à Cilaos

Dawa Sherpa à Cilaos

Puis c’est au tour de mon camarade de club Jean Hugues VOS de passer, il est dans le top 15, et semble en bonne forme ! Allez Jean Hugues !

Jean Hugues VOS en forme à Cilaos

Jean Hugues VOS en forme à Cilaos

Maintenant direction l’hôtel pour profiter d’un peu de calme, briefer les assistants et vérifier (une dernière fois) le matériel. Place à la détente aussi avec un peu de billard et un peu de télé. Après un repas très léger (en réalité je mange surtout du GATOSPORT overstim’s qui permet de faire le pleins de glucides lents avant la course).

H-1

H-1 !

H-1 !

Je retrouve quelques camarades de course sur le stade (Marie Thèrese THEVANIN, Xavier JOSEPH avec qui j’ai fait la route, Laurent PAYET et Alix PAROU), l’heure est à la détente, tout le monde ressent ce mélange d’angoisse et d’excitation. Sur 5, trois de nous n’ont jamais parcouru une telle distance (et tout le monde arrivera à la Redoute). TOP Départ !

Départ Cilaos. Alt 1224m.

Cilaos - Le Bloc

La portion qui m'attend : Cilaos - Le Bloc

La course part rapidement et je décide volontairement de prendre de mon temps. C’était ma stratégie dès le départ de partir doucement jusqu’à Hell Bourg. Je pointe donc au bloc avec une centaine de concurrents derrière moi. Sur toute course on considère qu’il ne faut pas faire confiance à ses sensations dans le premier tiers. On est frais, on ne mesure pas vraiment encore la longueur de la course. Le tiers c’est au milieu de Salazie pour moi.

Km 3 Le Bloc. 170 D+ / 7m D-. Alt 1387m. 0h29 de course.

Le bloc - Gite du Piton de Neiges

Le bloc - Gite du Piton de Neiges

La montée sera ponctuée de bouchons et je vais monter en 2h30 les 1200m de dénivelé positifs de cette première difficulté. C’est au milieu de la montée que je reçois un coup de fil d’un livreur de SFR :

-       Bonjour je suis le livreur de SFR, je peux vous livrer ce matin ?

-       Non ce matin je ne suis pas à la maison

-       Je peux vous livrer ailleurs si vous voulez, vous êtes où ?

-       Ok dans 40m au Gîte du piton des neiges si vous voulez ça me va !

-       Hahaha, non je crois que ça ne va pas être possible ! Vous faites le semi raid ?

-       Oui ! Pour la livraison on verra lundi !

-       Bon courage, à lundi

Anecdote assez drôle pour la citer J. Je reçois ensuite un appel de Julie puis de mon père qui viennent aux nouvelles, je leur dis que tout va bien et que ça monte, mais que je suis dans les bouchons. Arrivés en haut, il y a de l’attente pour le pointage du gîte du piton des neiges, 15 minutes d’attente. Mais nous sommes gratifiés d’un temps magnifique et d’une superbe vue sur le piton de la fournaise.

Km 8 Gite Piton des Neiges. 1118m D+ / 35m D-. Alt 1118m. 2h30 de course. 1024ème.

Gite du Piton des Neiges - Hell Bourg

Gite du Piton des Neiges - Hell Bourg

J’ai déjà reconnu cette portion mais dans l’autre sens, la descente est très technique et je glisse 2 ou 3 fois. Il faut dire que presque tout le semi-raid est déjà passé par là + environs 1500 raideurs. La pente est savonneuse et je descends prudemment pour éviter de me blesser ou de puiser dans mes réserves dès maintenant. Je reçois un appel de Philippe qui a suivi un peu ma course et me demande où j’en suis et comment je me sens. Tout va bien, mais ça glisse :)

A Hell Bourg je retrouve mes parents. Ce n’était pas prévu, nous devions nous rejoindre au KM 36 à la sortie de Salazie. Je fais le plein en eau et je repars, je me sens vraiment en forme pour le moment.

Ravitaillement à Hell-Bourg

Ravitaillement à Hell-Bourg

Départ pour la Traversée de Salazie

Départ pour la Traversée de Salazie

Km 18 Hell Bourg. 15m D+ / 1485m D-. Alt 1000m. 5h07 de course. 964ème.

Hell Bourg - Sentier Scout

Hell Bourg - Sentier Scout

C’est sous un soleil de plomb que nous traversons le magnifique Cirque de Salazie. Cette portion je ne la connais pas trop, j’ai juste regardé la carte sur le Road Book mais il me semble que ma précédente course (La CIMASA) empruntait une bonne partie de ce parcours dans l’autre sens. Je me sens bien et je décide donc d’adopter mon allure course dès maintenant comme prévu, un rythme où je suis à la limite entre le « trop rapide » et le « trop lent ». Salazie est l’endroit parfait pour ça, ça monte doucement, longtemps, on peut dépasser facilement.

Ilet à Vidot dans Salazie

Ilet à Vidot dans Salazie

Ilet à Vidot dans Salazie

Ilet à Vidot dans Salazie

Il fait tellement chaud qu’à chaque zone d’ombre, on trouve des raideurs entassés pour profiter quelques minutes de cette fraîcheur bienfaitrice. On passera aussi quelques ruisseaux bondés de coureurs qui y font une petite halte pour se rafraîchir. Les passages de rivière sont un peu comme des Oasis luxuriantes où 10-15 coureurs sont arrêtés pour mouiller leur casquette, se rafraîchir les jambes. Moi je ne m’arrête pas du tout sur toute la portion Salazie, je m’entraîne en bord de mer, je suis habitué au Soleil et à la chaleur.

Je continue de monter à bon rythme sans jamais forcer. Je reçois un coup de fil de mon oncle Michel qui vient aux nouvelles, finisher l’année dernière, il n’a pas pris le départ cette année à cause d’une entorse. Je lui explique que tout va bien, il me dit « surtout pour l’instant du retiens, tu lâche pas encore ». On est d’accord sur ce point, la course n’a pas encore commencé, on verra à Deux Bras au km 50 ! Je me fais parfois doubler par des coureurs qui courent dès que le chemin est plat et en profitent pour dépasser. A chaque fois dans les montée je suis plus frais et je les rattrape. Au total je vais prendre 300 places dans Salazie.

Je rattrape Laurent qui gère sa montée, il a quelques crampes, on s’encourage et on se dit à bientôt. Ca fait du bien de voir une tête connue :)

Je retrouve mon assistance (mes parents sur ce point) au Sentier Scout. J’ai prévu 25 minutes de pause, mais en 15 minutes tout est OK, ça c’est de l’assistance tip top, Merci ! A côté de nous, des amis de Marie Thérèse, ils m’informent qu’elle est passée ici il y a peu et que je devrait donc bientôt la rattraper. Cette nouvelle me ravie, je me réjouie de voir comment elle va :) . Pour l’instant j’ai l’impression il y a une heure à peine, je n’ai pas du tout l’impression d’avoir fait 36Km !

Arrivée au Sentier Scout

Arrivée au Sentier Scout

Ravitaillement Sentier Scout

Ravitaillement Sentier Scout

Km 36 Départ Sentier Scout. 1201m D+ / 361m D-. Alt 1840m. 8h47 de course. 668ème.

Sentier Scout - Aurère

Sentier Scout - Aurère

Toujours prudent sur le Dénivelé négatif, j’attaque ma descente sur Aurère sur un rythme très tranquille, je laisse passer des raideurs qui me doublent, mais je les rattrape toujours dans les petites côtes qui ponctuent la descente, signe de ma bonne forme pour le moment. Je reçois un appel de ma Mamie qui m’indique qu’elle me suis sur Internet, elle sait même que je vais bientôt arriver à Aurère ! Je la félicite, elle se débrouille vraiment très bien avec son MAC, je suis agréablement étonné. Mon Père m’appelle pour me donner les pointages de mes camarades. Alix et Xavier, mais également Frédéric qui lui court sur le Grand Raid. Xavier a une heure d’avance et Alix est encore 10 minutes devant. J’arrive à Aurère au bout de 10h57 de course.

Km 45 Aurère. 250m D+ / 1160 D-. Alt 930m. 10h57 de course. 626ème.

Aurère - Deux Bras

Aurère - Deux Bras


Je m’arrête le temps de remplir ma gourde et repart en direction de Deux Bras dans le lit de rivière des galets.

Je rattrape Marie Thérèse avec qui j’ai le plaisir d’échanger quelques mots pendant une bonne 10aine de minutes. Elle a une petite contracture musculaire au mollet et préfère gérer sa course tranquillement pour terminer sans bobo !

On se quitte et je poursuis vers le lieu dit « La Porte » où notre parcours rejoint celui des Grand Raideurs. On se salut et on rigole ensemble, je les félicite pour tout le chemin accompli. A partir de maintenant nous faisons route commune jusqu’à la Redoute. Il ne faut pas attendre très longtemps pour rejoindre le lit de la rivière.

Scène Magique : un raideur blessé (entorse visiblement) se fait porter par un bénévole qui le prend sur son dos pour l’emmener à Deux Bras. Je l’encourage et le félicite et les gens l’applaudissent à son passage. Le Grand c’est une grande leçon d’humanité et de solidarité ! Bravo.

Un bandeau « Bienvenue à Deux Bras Village » nous indique que nous somme arrivés à Deux Bras qui est un poste organisé par l’armée et autant dire que c’est très carré, les tentes sont alignées au cordeau, tout est magnifiquement organisé ! C’est un des plus gros ravitaillement du Grand Raid, on y trouve  des repas chaud, des kinés, des médecins, des podologues, de quoi dormir. Beaucoup de coureurs prévoient une halte ici, c’est un « village » qui n’existe que pendant le temps du Grand Raid, ici il n’y a rien du tout normalement. Il y a beaucoup de monde, et je ne prend pas le temps de chercher si je reconnais quelqu’un je traverse le « Village » et je continue ma route vers Dos D’Ane.

A Deux Bras, sans le savoir je viens de dépasser Xavier Joseph et Frédéric Peyou. Dommage j’aurais aimé les encourager ! Il me reste donc encore Alix à rattraper.

Km 53 Deux Bras. 55m D+, 730m D-. Alt 255m. 12h23 de course. 582ème.

Deux bras - Dos d'âne

Deux bras - Dos d'âne


Je m’arrête pour retirer quelques cailloux dans ma chaussure, mettre ma frontale et j’attaque la montée du « Mur » de Dos D’Ane.

A ce moment de la course on vient de faire plus de 50km, on a passé la moitié mais surtout on a dépassé le kilométrage de la CIMASA, j’avais eu du mal sur la fin de cette course mais là je me sens en grande forme et j’ai toujours l’impression d’être parti il y a à peine une heure !

La montée de Dos D’Ane ne va pas me poser de problèmes. J’adopte un rythme tranquille et je double quelques coureurs à la peine. J’ai une lampe frontale mais également une petite lampe que je tiens à la main. La frontale éclaire devant les pieds, et la lampe à main permet d’éclairer un peu plus loin pour mieux avancer sur le plat et en descente. Je recommande cette configuration !

En haut je retrouve ma petite femme que je n’ai pas vu depuis deux jours, c’est elle qui assure mon ravitaillement à ce point de la course. Mes parents sont venus aussi ! Ils me chantent « Il est vraiment, Il est vraiment, Il est vraiment phénoménal !!! ». Merci ça donne la pèche et ça me touche beaucoup !

Ravitaillement Dos d'Ane

Ravitaillement Dos d'Ane

Ravitaillement Dos d'Ane

Ravitaillement Dos d'Ane

Je fais une grosse pause ici, je soigne mes pieds, change les double peau, les bandes elasto. Je bois une bonne soupe, je change de Tee-shirt. Le temps passe vite, je me suis arrêté 35 minutes au lieu de 25 ! Papa m’accompagnera dans la descente jusqu’à la Possession où nous allons retrouver Julie et Maman.

Km 58 Dos d’Ane. 695 m D+ / 60m D-. Alt 890m. 14h05 de course.

Dos d'âne - Possession

Dos d'âne - Possession

Je reprend la route et entame la descente vers La Possession. Je sens tout de suite un petit caillou dans ma chaussure droite. Je décide d’attendre un peu pour voir si le caillou va bouger et se mettre dans un coin de ma chaussure où il ne me gênera plus. Tenace, il ne me lâche pas, et une vingtaine de minutes plus tard je m’arrête pour regarder cela. Je vide ma chaussure, inspecte la semelle, la chaussette, RAS. C’est reparti. A mon grand étonnement le cailloux est toujours là, je me dis que j’ai trop attendu et que c’est juste le pied qui doit être un peu sensible à cet endroit maintenant. Je continue jusqu’à la Possession où je retrouve Philippe CROZET. Le Photographe de mon club !

La Possession. Merci Philippe pour la photo

La Possession. Merci Philippe pour la photo

C’est aussi le petit ami de Marie Thérèse et il l’attend. Je lui donne des nouvelles en lui disant que pour elle tout va bien, elle gère sa course tranquillement. Il me montre le chemin jusqu’au pointage et jusqu’à la Deniv’Assistance (Assistance mise en place par mon Club). Il me dit que j’ai l’air vraiment très frais, et en effet je ne suis toujours pas fatigué. Je décide d’aller leur faire un petit coucou. Je me fais aspirer par leur gentillesse ! Je n’avais pas décidé de m’arrêter mais on me rempli déjà ma gourde et mon CamelBag, on me propose de la soupe et même un massage ! Quel dévouement. Eux aussi me dise que j’ai l’air frais, je n’ai même pas les yeux fatigué. Cette remarque me ravis. J’échange quelques mots avec la Papa d’Alix qui est depuis peu le président du Club. Il me dis que Alix va très bien, qu’elle avance bien. En effet je n’ai pas l’impression de lui reprendre du temps pour le moment. Il me donne de précieux conseils sur comment aborder la partie « Chemin des anglais ». C’est un chemin pavé, endommagé par l’érosion, assez technique et cassant que je ne connais pas. Merci JCP et merci la Deniv’Assistance, je reprend la route. Alix est passée ici avec une heure d’avance.

Km 69 Possession. 263m D+ / 1138m D-. Alt 15m. 17h28 de course. 437ème.

Possession - Grande Chaloupe

Possession - Grande Chaloupe

Petit stop à la Possession

Petit stop à la Possession

A la recherche du petit caillou

A la recherche du petit caillou

Prêt à repartir vers la Grande Chaloupe

Prêt à repartir vers la Grande Chaloupe

A la sortie de la Possession je retrouve ma chérie et Maman. J’en profite pour mettre un peu de poudre Overstim dans ma gourde car je m’attaque à la dernière difficulté de la course bientôt. Elles sont heureuses de voir que j’ai la forme pour l’instant. Je laisse Papa ici et je reprend ma route vers la Grande Chaloupe.

Le chemin des anglais monte mais en pente douce, il n’est pas aussi technique que ce que je m’attendais à trouver. Je n’ai pas reconnu cette portion mais tout le monde m’en a parlé. Je pense que le fait de l’aborder de nuit aide beaucoup, la journée ce doit être une fournaise car on est toujours à découvert. Je monte à grandes enjambées et je descends sur le même rythme, je décide même de pousser en montant. La lune se reflète sur la mer, la vue est magnifique, nous sommes au dessus de la très célèbre route du littoral. Je reçois un appel de mon oncle Jean du Maroc qui me félicite et me demande des nouvelles. Pour l’instant tout va bien, saus bobo mon semi est dans la poche et je suis content. Sa femme m’encourage derrière au téléphone, ça fait vraiment plaisir de voir qu’on est suivi :) Avant la dernière descente un bénévole nous averti « Attention en dessous la descente lé pas gaillard », en créole cela veut dire que la descente n’est pas en bon état. Merci à lui pour son courage, ce ne doit pas être simple d’être ici de nuit, seul pour avertir les raideurs. Je descends prudemment dans un chemin très dégradé en effet, mais je suis frais et j’arrive à sauter de rocher en rocher sans trop de mal. Se réserver pour les passages techniques, c’est vraiment la stratégie qui me convient le mieux. J’arrive bientôt à la Grande Chaloupe. Je sais que la course est bientôt terminée. Je passe à coté de la voiture de mes parents sans la reconnaître. C’est Maman qui se réveille à ce moment et me voit passer à côté de la voiture, elle m’interpelle. J’ai une demi heure d’avance sur la portion. Je m’arrête un peu et décide de m’occuper de ce petit caillou qui commence à bien me gêner. Je retire ma chaussure, ma chaussette, et je me rend compte qu‘il est coincé sous l’élasto, il s’y est glissé quand je me suis occupé de mes pieds à Dos d’Ane. Entre temps il m’a fait une petite ampoule, trop tard, il faudra composer avec. J’ai repris 10 minutes à Alix sur cette portion, elle à l’air en forme aussi !

Km 74 Grande Chaloupe. 360m D+ / 365m D-. Alt 10m. 19h11 de course. 373ème.

Grande Chaloupe - Saint Bernard

Grande Chaloupe - Saint Bernard

Je repars de la Grande Chaloupe avec la ferme intention de rattraper Alix est à 50 minutes (Sur la CIMASA nous sommes arrivés en même temps). D’ici l’arrivée cela ne va pas être facile, je monte donc d’un pas décidé. Je ne connais pas la portion mais je sais qu’il faut s’attendre à 800m D+ à peu près, j’ignore le kilométrage et ce sera beaucoup plus long que ce que je pensais. Je rattrape un jeune coureur sans lampe avec deux amis qui l’accompagnent et font lièvre. Il semble un peu à la peine. Quand je les rattrape ils accélèrent et reprennent de l’avance, puis s’assoient 2 ou 3 minutes sur le bord du sentier pour récupérer et repartent à mon arrivée. Même scénario pendant une bonne demi-heure. Je préfère franchement monter à un rythme régulier que de m’arrêter toutes les cinq minutes. A la fin le chemin pavé se transforme en route bétonnée, relativement longue aussi avec des parties qui redescendent un peu.

Km 78 Saint Bernard. 564m D+ / 0m D-. Alt 574m. 20h31 de course.

Saint Bernard - La Fenêtre

Saint Bernard - La Fenêtre

Nous passons donc à peu près ensemble le poste de Saint Bernard où se trouve un « pointage volant ». S’en suit une longue partie de route, et mes compères sont toujours une 50aine de mètres devant, sans lampe (la pleine lune éclairait bien il est vrai !). C’est quelques minutes plus tard que ce coureur se met à vomir sur le bord de la route, visiblement en pleine hypoglycémie. A son niveau je lui demande si tout va bien et il me répond que oui, je lui suggère de bien se ré-hydrater et de manger quelque chose de sucré. Il me dit qu’il a tout ce qu’il faut et je continue donc mon chemin en direction de la fenêtre. L’avoir vu malade, ça me donne mal au coeur, je ne sais pas bien si c’est parce que je l’ai vu vomir ou si moi aussi je vais faire une hypo. Je bois bien de la boisson énergétique et j’ai mangé un gel il y a une heure, le rythme n’étant pas si rapide que ça il n’y a pas de raison. N’empêche, je me force à avaler un Bounty, je bois de l’eau claire pour l’assimiler et je lève le pied. Ce sera le seul moment où je doute de mes réserves et où je décide de lever le pied à cause de mes sensations. Je monte donc « tipa tipa » à la Fenêtre et je reçois un appel de mon père qui me dit qu’il est au Colorado et qu’il va venir un peu vers moi. Il veut faire la descente avec moi.

Km 81 La fenêtre. 206m D+ / 0m D-. Alt 780m. 21h31 de course. 350ème.

La Fenêtre - La Redoute

La Fenêtre - La Redoute

Une fois à la Fenêtre il n’y a presque plus de montées et c’est un parcours que je connais vraiment bien et où je suis comme chez moi, je reconnais les rochers, les racines. Au milieu du sentier un petit animal magnifique et si mignon, un tangue. Vous connaissez René la Taupe ? Et bien c’est pareil ! Un peu impressionné par tous ces coureurs qui troublent son sommeil. Je croise mon père à Mi-chemin à peu près entre La fenêtre et Colorado. Nous avançons tranquillement vers le Colorado. J’ai repris 10 minutes à Alix sur cette potion, 40 minutes nous séparent encore et il reste 1h de course. Ce sera pour une prochaine fois, Bravo elle aura fait une très belle course, très régulière :)

Pour la première fois je vais m’arrêter à un poste de ravitaillement de l’organisation !!! Le temps de boire un verre de Coca pour me rassurer sur mon taux de sucre dans le sang. Nous attaquons la descente, il reste environ 1h30 de course. Je descends tranquillement car je sens bien que je suis moins vigilant, je cours depuis près de 22h, je n’ai pas dormi et la fatigue commence un peu à se faire sentir, je trébuche souvent. Et puis j’ai un peu mal à mon ampoule. Nous doublons quelques coureurs, mais très peu sur cette portion. Le jour se lève pendant la descente, je reconnais les passages que j’ai parcourus avec Kilian quelques jours plus tôt, je lui avait promis d’amener ma casquette dédicacée à la Redoute, j’ai le stade en vue, c’est bon.

Stade de la Redoute en vue

Stade de la Redoute en vue

Arrivée sous le pont Vin Sahn je me met à courir, il reste 300m avant l’arrivée et je me sens plutôt en forme musculairement, mais un peu fatigué par le manque de sommeil. En entrant dans le stade je retrouve sur ma chérie et ma mère qui m’attendent, maman me passe le téléphone au bout il y a ma soeur Sonia qui voulais vivre en direct mon arrivée depuis Londres. Je m’arrête une petite minute pour lui parler puis je reprend mon petit footing jusqu’à l’arrivée.

En direct de Londres

En direct de Londres

Arrivée à la Redoute

Arrivée à la Redoute. 23h et 28 minutes

Arrivée au Stade de la Redoute

Arrivée au Stade de la Redoute

Km 90 La Redoute Saint Denis. 23h28 minutes, 320ème, le Semi-Raid, Ca c’est fait ! 8 minutes derrière Alix finalement qui a été freinée par une tendinite au genou dans la dernière descente. Bon rétablissement !

Remise de la Médaille et du Tee-Shirt

Remise de la Médaille et du Tee-Shirt

Michael Courreau, secrétaire de Déniv

Michael Courreau, secrétaire de Déniv et Thierry Chambry qui finira a fini le Grand Raid 8ème cette année

Je retrouve aussi ma petite femme et mes parents

Je retrouve aussi ma petite femme et mes parents

Après un bon Sandwich, tout ce que je veux c'est une bonne sieste !

Après un bon Sandwich, tout ce que je veux c'est une bonne sieste ! Ca se voit :)

Merci à ma chérie et mes parents pour l’assistance qui a été très efficace, ils ont tous été aux petits soins.

Merci à tous ceux qui m’ont appelé en cours de route ou qui ont essayé, merci de vos messages d’encouragements !

Merci à Bruno Heubi pour ses précieux conseils, Merci à Déniv pour la bonne humeur, les bons conseils, et l’assistance à La Possession.

Merci à Arnaud Leroy pour tes bons conseils et tes petits soins cette année.

Merci à Xavier, Alix, Laurent et Marie-Thérèse, nous sommes a peu près du même niveau et cela anime l’esprit de compétition pure et saine entre nous !

Et pour l’année prochaine ? Objectif Grand Raid en 55h :)

Profil Trail de Bourbon 2010

Profil Trail de Bourbon 2010


Catégorie : Non classé

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